14/12/2010

L ORIGINE DE LA SANTE

Le pouvoir de guérison spontané est ce qui rend le corps humain aussi durable. Durant tout le cours de la vie, notre cœur bat plusieurs milliards de fois sans défaillir. Si le cœur est beaucoup plus robuste que n’importe quel mécanisme, c’est parce qu’il est fait de cellules. Celles-ci se renouvellent lorsqu’elles faiblissent. Par conséquent, même avec la technologie d’aujourd’hui, il vaut encore mieux posséder un cœur naturel. Nos organes d’origine valent encore mieux que des remplacements externes. Même des greffes de la peau ou des transplantations d’organes ne nous conviennent pas aussi bien que nos organes d’origine. Le corps d’une femme peut porter une vie nouvelle tandis qu’elle vaque à ses occupations ménagères. En fait, le corps peut accomplir seul ce que l’on ne peut réaliser par un acte délibéré. La digestion relève du miracle. La nourriture que nous mangeons est véhiculée vers l’estomac, celui-ci sécrète des acides, la vésicule biliaire sécrète la bile, et le pancréas sécrète les enzymes digestives. On peut même parler ou lire le journal en mangeant. La digestion, la circulation du sang et du liquide lymphatique, tout cela s’opère inconsciemment. De la même manière se passe la grossesse, la naissance, et même la croissance. Les mouvements conscients se limitent aux bras, aux jambes, la bouche, etc. Pourtant, le bras se rétracte automatiquement si nous nous brûlons la main, et nous nous protégeons naturellement si nous chutons. Le corps réagit avant que nous ayons le temps d’y penser.

Les symptômes de la maladie sont tout simplement des extensions de ce fonctionnement naturel. Le corps sent que quelque chose ne va pas, un symptôme apparaît, puis on tombe malade. Il s’agit d’un processus destiné à nettoyer le corps pour que ce dernier retrouve à nouveau sa force. En d’autres termes, tomber malade signifie que le corps fonctionne correctement, et indique que la force vitale est en action. Nous avons la fièvre parce que le corps ne peut tolérer la prolifération de micro-organismes étrangers à l’intérieur. Il provoque une poussée de fièvre et envoie ses troupes, les globules blancs, combattre l’envahisseur. De même, vomir prouve que l’estomac fonctionne correctement. Les gens croient que l’on vomit parce que l’estomac est faible, mais l’on ne devrait pas blâmer l’estomac. S’il détermine que le contenu de la nourriture n’est pas sain, il se vide. Or un estomac qui ne réagit pas n’est pas forcément en bonne santé. La plupart du temps, cela signifie plutôt qu’il s’est endormi. C’est donc une erreur de se croire sain parce que l’on ne s’enrhume pas, ou ne souffre d’aucun mal. En fait, cette personne n’est pas en bonne santé. Son corps est soit trop engourdi, soit trop fainéant. Il faudrait enseigner aux gens à voir la valeur de la maladie, et comment la traverser habilement.

Autrefois les femmes considéraient leurs règles comme une maladie honteuse, mais aujourd’hui on soupçonne des problèmes de santé si elles n’apparaissent pas. Je pense qu’il ne s’agit que d’une question de temps d’ici à ce que la science médicale considère le fait de ne pas s’enrhumer comme un problème de santé. Quelque chose ne va pas si l’on ne s’enrhume pas, si l’on n’a jamais de fièvre ou de vomissement par exemple. Ces symptômes sont normaux, naturels et à espérer. Au Japon, les gens font beaucoup d’exercices physiques. A l’école comme à l’armée on enseigne des exercices que l’on considère bénéfiques pour la santé du corps et de l’esprit. Chacun doit faire le même mouvement de la même manière. Pourtant, les exercices imposés comme le jogging ne répondent pas forcément aux besoins particuliers de l’individu.

Puisque le corps de chacun diffère, il est donc naturel d’avoir des besoins différents. Ceux qui pratiquent un métier spécialisé utilisent leur corps d’une manière qui sollicite en permanence les mêmes zones autorisant le développement de contractions chroniques. On peut relâcher ces contractions et restaurer la vitalité en s’enrhumant par exemple, ou grâce aux mouvement de gymnastique Seitai à condition de bien comprendre les besoins de l’idiosyncrasie du corps de chacun. Suivant la même logique, les gens devraient choisir un régime qui leur convient plutôt que de se référer à ce que mange la voisine, à ce qui est écrit dans les livres et les magazines, ou parce que l’on en a parlé à la télévision.

Les mesures de diagnostic et de traitement en Seitai sont difficiles à apprendre à cause de la sensibilité requise. Il faut reconnaître le caractère unique du corps de chacun, percevoir ce qui se passe à l’intérieur, et le stimuler là où il en a besoin. Par conséquent, nous devons investir beaucoup de temps afin d’apprendre le langage qu’utilise le corps pour indiquer où il demande de l’attention.

Nous commençons notre apprentissage en nous familiarisant avec notre propre corps, et en développant peu à peu sa sensibilité. Si vous avez une démangeaison, l’important est de se gratter exactement là où il faut. Si l’on vous gratte au mauvais endroit, vous n’aurez pas de remerciement à donner, même si l’on vous gratte jusqu’au sang. La même chose est vraie au sujet de la nourriture. Un médecin pourrait passer des heures avec un stéthoscope sur votre estomac, il ne pourrait jamais dire ce que vous voulez manger. Il n’y a que vous pour le savoir. Un enfant sans aucune connaissance sait cela mieux qu’un médecin avec un stéthoscope.

Récemment, une jeune mère m’a avoué avoir beaucoup souffert lorsque ses contractions ont commencé. Le bébé ne sortait pas. Elle pensait que tout le monde autour d’elle se comportait froidement devant sa peine. Elle voulait que tout le monde vienne et pousse avec elle. Ce sont ses mots.

Je pense que son attitude souligne une complète incompréhension de ce qu’est la santé en vérité. Supposons qu’elle soit constipée. Appellera-t-elle tout le monde pour l’aider à pousser et vider ses intestins ? Non. Elle doit le faire elle-même, et de préférence seule. Ainsi en est-il de l’accouchement qui doit se faire seul et en douceur. Cependant les gens ont l’illusion qu’une femme ne peut donner le jour sans l’assistance d’un médecin dans un hôpital.

En entraînant le système nerveux autonome, c’est-à-dire, les fonctions du corps qui prennent place inconsciemment, le corps réagira plus sensiblement avec précision au moment nécessaire. Alors, vous vomirez quand vous mangerez trop, et transpirerez quand le corps en aura le plus besoin. Il exprimera clairement ses besoins d’activité et de repos. Le sommeil deviendra profond, mais plus court.

Il y a peu de temps, je conversais avec un patient qui me disait devoir dormir au moins pendant sept à dix heures. A mon avis, la raison vient de son habitude de trop s’alimenter. Puisqu’il répliqua qu’il a toujours besoin de dormir, et qu’il se sent mieux lorsqu’il dort, je lui répondis la chose suivante : “si vous avez autant envie de dormir, pourquoi ne pas creuser un trou dans la terre et vous y coucher ? Ainsi, vous pourrez vous reposer encore plus paisiblement.” Le corps des êtres humains est conçu pour s’élever, s’activer. Il n’y a rien qui indique que l’on prenne des vacances. C’est juste une idée que les gens ont. Le corps humain peut travailler jusqu’au jour de sa mort sans relâche. Les exemples à travers le monde ne manquent pas.

Un corps en mauvaise santé nécessite une plus grande quantité de nourriture pour soutenir son activité. Et parce qu’une personne mange beaucoup, elle a aussi besoin de plus de sommeil - un peu comme une voiture mal réglée a besoin de plus d’essence. Ce n’est pas sain de trop manger. Si l’on mange léger, on peut se mouvoir plus aisément, et donc dormir plus profondément car le travail du tube digestif se fait sans effort. La nourriture a meilleur goût d’ailleurs. Voilà comment fonctionne le corps. C’est cela l’idéal auquel adhère le Seitai. Connaitre la santé signifie savoir traverser la maladie d’une manière qui fortifie le corps. Il ne s’agit pas uniquement de déterminer ce qui est “mauvais” pour vous ou ce qui vous rend malade, mais plutôt d’appréhender la maladie comme une opportunité de se tonifier ou de s’affaiblir, à l’image d’une douche froide qui peut affliger un être malade, ou revigorer quelqu’un en bonne santé.

Le lion et le tigre ont peur du feu, mais pas les humains parce que nous savons ce que c’est. De la même manière, nous n’avons pas besoin de craindre la maladie si nous comprenons sa valeur. Quelqu’un en bonne santé guérira vite de la maladie et se relèvera plus fort. Le corps fonctionne parfaitement bien sans que nous en ayons connaissance. Il transpire lorsque le climat se réchauffe de manière à maintenir sa température, exactement comme un conditionneur d’air. Un autre exemple est le bronzage. Il y a environ 60 ans, on a découvert qu’un tissus foncé protège des coups de soleil. Cependant, le corps savait cela bien longtemps avant cette “découverte” puisque la peau s’assombrit lorsqu’elle est trop longtemps exposée au soleil. Pourtant, les gens interprètent ce phénomène d’étranges façons. En été, nombreux sont ceux qui se précipitent vers la montagne ou la mer pour retrouver la forme. Ils croient sain d’avoir le teint hâlé, alors qu’il ne s’agit là que d’une réaction du corps pour se protéger des rayons ultra-violets. Et, pour avoir passé trop de temps au soleil, ils s’enrhument avec l’automne. Aller dans une région chaude lorsqu’il fait froid, ou vers une région fraîche quand il fait chaud, partir à la montagne ou à la mer, rien de tout cela n’est intrinsèquement bénéfique à la santé. Ce n’est pas le retour à la nature. Tout le monde aime les mots “nature” ou “naturel”, mais je pense que l’on a oublié une partie de leur sens. On prétend qu’aller à la montagne, marcher en altitude ou courir à perdre haleine est naturel. C’est peut-être vrai. Cependant, le rythme naturel des battements du cœur se situe entre 60 et 80 par minute, et le rythme de la respiration est de 16 à 20 par minute.

Je pense que le meilleur moyen de retrouver la forme consiste à laisser de côté tous les programmes de santé, et de soumettre son corps à des activités naturellement stimulantes. Cela conduit éventuellement à une maladie qui “soigne” le corps. La santé ne signifie pas guérir ou prévenir la maladie. La santé, signifie plutôt vivre honnêtement sans but imposé en vain. Observez les chiens et les chats. Ils ne font rien de particulier pour garder la forme.

Ce que nous faisons par le Seitai n’est pas le traitement des maladies, mais plutôt de l’”éducation physique”. Mais il ne s’agit pas de simples exercices. On apprend d’abord à rééxaminer la nature originelle de la santé. J’enseigne aux gens à pratiquer leur propre Seitai, à découvrir comment stimuler le flot de leur propre vitalité, soit par le principe de respiration profonde (shinsoku Hô), soit par diverses gymnastiques, telle que celle qui stimule la fonction du système lymphatique. J’enseigne aussi à travailler sur douze points spécifiques de l’abdomen.

Mon plus grand souhait est que tous s’attachent à trouver le moyen de se soigner seul parce que le corps humain est conçu de manière à ce que chacun puisse prendre soin de lui-même.

Texte Original Imoto Kuniaki.
Traduction Olivier Nesmon
® Imoto Seitai

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